mercredi 25 mai 2016

La cité des abeilles

Marion Boé est née en 1983 à Quimper. Après des études d'audiovisuel à Valenciennes, elle s'installe à Paris et devient monteuse vidéo sur divers films dont des documentaires. En 2008, elle réalise le film "La cité des abeilles" dans lequel elle raconte l'histoire de ses grands-parents et le combat collectif qu'ils ont mené. En 2015, elle s'installe en Bretagne.

Marion Boé


"La cité des Abeilles, c'est le quartier où, petite, j'allais rendre visite à mes grands-parents. Un quartier né du travail de 100 jeunes couples, réunis avec un même objectif : celui de pouvoir habiter dans une cité qu'ils ont imaginée et construite ensemble."

 

Fiche technique :
2008,  52', documentaire, français, tous publics

Réalisation : Marion Boé
Scénario : Marion Boé

Production : Candela productions

Lieu de tournage : Quimper (29000)
Prix & sélections en festivals : Festival de Douarnenez, Autour du 1er mai
Soutiens : Procirep-Angoa-Agicoa, CNC, Conseil Départemental du Finistère, Logis breton, Région Bretagne
Cf : Candela Productions

Ouest-France 12 mars 2013
Architecture : la cité des Abeilles à l'honneur


Ouvrir la semaine de l'architecture avec le film sur la construction de la cité des Abeilles à Quimper c'est prendre le parti de dire qu'il est possible de pouvoir prendre à son compte la conception de son habitat.

Et si, comme il y a... soixante ans, l'habitat était le fruit d'un engagement collectif. « La qualité urbaine et architecturale avec une densité acceptable », devrait se mesurer non plus à la superficie des parcelles mais à « un plus d'humanité » comme le faisait remarquer un spectateur à l'issue de la projection du film de Marion Boé.

Penser d'abord aux autres

Aujourd'hui dans la cité des Abeilles, sur les cent familles initiales qui ont construit les Castors, il ne reste que deux couples, quatre hommes et douze femmes. Ils ont tous plus de quatre-vingt-cinq ans et se souviennent encore avec émotion de ce temps où « avant de penser à nous, on pensait à l'ensemble. On ne construisait pas notre maison mais des maisons et on ne rentrait dans la nôtre que lorsqu'elles étaient toutes terminées. »

C'est ce qui fut fait en juillet 1954 après quatre années pendant lesquelles chaque Castor a donné au projet 32 heures de travail par mois et la moitié de ses congés. « Quand on fait 54 heures par semaine à l'atelier il ne me restait plus que mes dimanches et tous mes congés pour remplir le contrat », se souvient l'ancien mécano pour qui l'expérience reste « impensable aujourd'hui à l'heure où le mot solidarité a beaucoup perdu de sa valeur. »

Un art de bien vivre

Car outre la situation catastrophique du logement à cette époque nécessitant une réaction d'urgence, c'est grâce à la mixité sociale, culturelle et philosophique des Castors que cette solidarité est devenue le ciment de leur réussite. « Aujourd'hui on est Castor pour avoir des réductions sur les matériaux. Rien à voir avec les Abeilles », a-t-il été souligné avec regret dans la salle même si certaines expériences d'habitats groupés commencent à voir le jour.

« Il s'agit là plutôt de projets réalisés par petits groupes à des fins économiques », expliquait Marion Boé.

Reste que soixante ans après, la cité a gardé son art de bien vivre. Des enfants mais aussi des petits enfants des pionniers y habitent toujours. Quant aux nouveaux habitants ils perçoivent avec bonheur l'esprit qui l'anime, heureux de pouvoir encore croiser dans les rues ou à l'occasion de fêtes du quartier ceux qui resteront à jamais des passeurs d'espoir.